Comme les bûcherons d’autrefois : décembre 2016

Quand les nuages chargés de neige planent au-dessus de notre monde et que le soleil se couche à une heure inopportune comme pour s’abriter des rafales glaciales, nous avons tous besoin de la chaleur du foyer, de l’amour de notre famille et de nos amis. Nous éprouvons aussi un grand désir de lumière, quelle qu’elle soit, particulièrement lorsque nous sommes confrontés à des circonstances douloureuses.

C’est précisément dans ces moments-là qu’il est nécessaire de réaffirmer les quatre valeurs fondamentales qui nous unissent en tant que communauté : intégrité, discernement, respect et engagement. Sans relâche assurons-nous que notre éducation, au-delà de l’ambition scolaire, aide nos jeunes à développer leur probité et à devenir des adultes déterminés à améliorer activement notre monde.

C’est de fait cette éducation qu’il m’est donné de voir à travers les différents bâtiments de notre école, car un profond sentiment de citoyenneté éthique imprègne notre enseignement, tout comme nos autres activités. Ainsi, nos écoliers ont récemment organisé plusieurs collectes pour aider ceux dans le besoin. Lors d’une assemblée de novembre, nos petits citoyens ont regardé la bande-annonce du film Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson. Ce long métrage illustre la vie d’enfants du Kenya, de l’Argentine, du Maroc et de l’Inde qui, pour aller à l’école, doivent parcourir seuls et quotidiennement de longues distances et faire face à des dangers de toutes sortes.
 
Les assemblées du souvenir au primaire et au secondaire, ainsi qu’au Campus Ouest, nous ont rappelé les souffrances causées par la guerre et nous ont permis de reconnaître ceux qui ont lutté pour préserver nos libertés. Les élèves du secondaire ont honoré la mémoire des victimes de plusieurs conflits et ils ont écouté des citations de textes sacrés mettant l’accent sur l’importance de la paix. Ils ont réfléchi sur la bataille de la crête de Vimy et ils ont également réalisé un acte solennel du Souvenir. Cette cérémonie fut suivie par la Semaine de la commémoration de l’Holocauste, avec la participation de Bill Glied, un survivant d’Auschwitz qui a récemment témoigné au procès d’un ancien sergent nazi.

Les assemblées, les discussions en mentorat et les expositions de toutes sortes sont en effet essentielles à l’éducation de nos élèves en tant qu’individus et citoyens. Ainsi, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte des enfants ont été présentes de diverses manières dans nos annexes. Des collégiens ont débattu du droit à la nourriture et au logement, au jeu et au repos, à une bonne éducation, à la liberté de pensée et d’expression, à la démocratie. Et, bien sûr, ils ont aussi parlé du droit inaliénable à la vie. J’ai la certitude que vous serez tous fiers de savoir que plusieurs d’entr’eux ont écrit au Premier ministre Trudeau pour lui demander de signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui interdit de cibler les établissements scolaires lors des conflits armés.

L’art engagé est toujours une réalité. Des élèves du secondaire ont discuté avec leurs mentors de Secret Path, une œuvre de Gord Downie relatant le destin tragique de Chanie Wenjack, qui a rencontré la mort alors qu’il tentait de s’échapper d’une école résidentielle du nord de l’Ontario. L’indignation face à l’injustice a poussé Gord Downie à agir pour que cette histoire ne soit pas oubliée. L’émotion nous a gagnés lorsque nous avons regardé des extraits de la cérémonie durant laquelle l’Assemblée des Premières Nations honorait le chanteur en lui offrant une plume d’aigle, une couverture et un nom spirituel, Wicapi Omani, qui signifie « l’homme qui marche parmi les étoiles ».

Une éducation complète ne connaît pas de bornes. Alors que les élèves de 7e année qui ont séjourné au Centre Windsong en Arizona sont revenus avec des récits extraordinaires sur la durabilité de l’environnement, j’ai été aussi impressionné par ce que nos jeunes de niveau II ont appris durant leur voyage dans la forêt amazonienne en Équateur, où ils ont participé à un projet de construction d’une école. L’éducation ne peut pas être que livresque : elle se nourrit autant du vécu. Il faut apprendre les mathématiques et le français, mais aussi l’égalité entre les sexes et l’absurdité de la violence. Au fond, il s’agit de promouvoir chez chacun le développement intellectuel et émotionnel ainsi que la responsabilité que nous avons tous en tant que citoyens de la planète.

En cette fin d’année, faisons le point sur notre vie et montrons-nous reconnaissants de ce que nous avons. C’était là l’intention de ma récente carte à la communauté, sur laquelle figurait une belle vue de notre ravin accompagnée d’une citation sur le sens particulier de l’amour pendant ces fêtes. Ces souhaits m’ont été inspirés par Maria Chapdelaine, le roman écrit au début du vingtième siècle par Louis Hémon, qui nous fait vivre la solitude des bûcherons et leur détermination à rentrer dans leur foyer au plus fort de l’hiver, en dépit des dangers, pour simplement pouvoir embrasser leurs proches et leur présenter leurs vœux.

Nous sommes tous des éducateurs par nos paroles et par nos actes. À l’instar de ces bûcherons d’antan, concentrons-nous sur ce qui importe vraiment. Parce qu’en définitive, ce qui compte, c’est qui nous sommes et l’amour que nous prodiguons. La prochaine fois que le soleil se couchera et que la neige commencera à tomber, assurons-nous de donner à nos enfants de la lumière, beaucoup de lumière, un glorieux festival de lumière. C’est une façon de les protéger et les réconforter face aux durs imprévus de l’existence.

En notre sein se trouvent la flamme de la vie et la chaleur de l’amour.

Dr Josep L. González
Chef d’établissement
Retour
CAMPUS DE TORONTO: 306, avenue Lawrence Est, Toronto, Ontario  M4N  1T7  Canada  416-484-6533    CAMPUS OUEST: 1293, avenue Meredith, Mississauga, Ontario  L5E 2E6  Canada  905-278-7243