Une étincelle de vie : décembre 2017

Au dernier jour de classe, alors que nous nous préparerons à déjeuner, à 11h28 du matin pour être plus précis, le soleil sera à son point le plus bas de toute l’année. Il nous semblera immobile, comme s’il voulait se reposer un moment avant de reprendre sa course éternelle, une course qui réchauffe nos foyers et nos cœurs. Il faut dire que le solstice d’hiver, depuis le néolithique, possède pour les humains une signification particulière, qui marque aujourd’hui encore nos esprits. Quoique les scientifiques l’associent à la nuit la plus longue de l’année, je préfère, quant à moi, y voir un point d’inflexion, un signe avant-coureur des journées qui rallongent autant que des fêtes qui s’annoncent.

Les festivités hivernales n’évoquent-elles pas un monde de merveille et de mystère ? En fait, les festins avec la famille ou les amis s’assortissent d’une ambiance enivrante de musique, de lumières et de senteurs qui nous rappellent nos souvenirs d’enfance, chers et ineffables. Et au douzième coup de minuit du dernier jour de décembre, nous entrevoyons une toute nouvelle année, sans savoir vraiment si nous sommes prêts à reprendre notre chemin. 

Un certain calme règne les premiers jours de janvier, comme si la nature elle-même attend de voir quelle route chacun de nous décide de prendre. Après la fête vient la réflexion et, à ce moment-là, je pense souvent à mes grands-parents, qui se sont tous deux éteints aux petites heures d’un matin froid du Jour de l’An, à seulement quelques années d’intervalle. Lorsque je songe à eux, je leur suis reconnaissant de l’amour avec lequel ils préparaient pour les enfants de la famille des figurines comestibles, avec des œufs durs, des olives vertes et des tranches de poivron rouge grillé, assemblés grâce à de simples cure-dents en délicieux bonshommes de neige. Comme nous les dévorions avec appétit !

L’esprit citoyen tel que nous le concevons à TFS touche maints aspects, de l’ambition académique à la perspective internationale, mais en cette période de l’année, il nous encourage surtout à renforcer notre vie communautaire et à manifester notre gratitude envers les autres. À vrai dire, la gratitude revêt pour moi une importance fondamentale et j’avoue que les pensées et les actes qui en sont clairement dépourvus font partie des rares choses qui peuvent me faire pleurer de tristesse ou même d’incrédulité.

Voilà pourquoi je suis heureux que notre école mette l’accent sur certaines valeurs, plus particulièrement à l’approche des fêtes de fin d’année. Pour ne citer qu’un exemple, il y a quelques semaines, les élèves et le personnel de La p’tite école se sont assemblés pour débattre de l’importance du partage, un acte conscient par lequel nous donnons à autrui quelque chose en notre possession : offrir la moitié d’un biscuit à un camarade de classe, de façon à ce que le plaisir soit partagé; ou tout simplement se rendre compte que l’on a suffisamment joué avec le ballon de soccer et qu’il est temps de le passer à quelqu’un d’autre.

À propos de sport, l’école primaire inclut les élèves de 3e année aux compétitions sportives, ce qui leur offre l’excellente occasion de se développer, tant physiquement qu’émotionnellement. Par ailleurs, le Campus Ouest a eu récemment l’opportunité d’accueillir M. Spencer West, un conférencier qui a expliqué ses sentiments quand il a perdu ses deux jambes à l’âge de cinq ans, et aussi ce qu’il a ressenti 26 ans plus tard, lorsqu’il a réussi à gravir le Kilimandjaro malgré tous les défis posés par sa condition physique. Selon moi, le sport fait souvent ressortir ce que les gens ont de meilleur en eux, fusionnant esprit d’équipe, amélioration personnelle et résilience, éléments que nous devrions tous considérer lorsque nous prenons nos résolutions du Nouvel An.

De même, les notions de gentillesse et du souci des autres sont associées à l’esprit des fêtes. À ce sujet, dans le cadre du programme Racines de l’empathie, les élèves de 7e année de l’école secondaire ont fait la connaissance en novembre dernier de Kinan, un garçonnet qui venait d’avoir cinq mois. Ils vont le voir grandir toute cette année scolaire et je suis sûr que, durant les semaines à venir, ces collégiens considéreront Kinan comme leur propre enfant. Grâce aux contacts réguliers avec lui, nos élèves acquerront des compétences sociales et affectives importantes. De surcroît, ils en apprendront davantage sur leurs propres sentiments en développant un sens de l’empathie et des comportements altruistes. Le tout jeune Kinan n’a pas besoin d’être diplômé de l’université pour s’avérer le meilleur des professeurs !

Plus globalement, nos 23 sociétés de l’école secondaire s’articulent sur les principes d’amélioration personnelle et d’engagement social. Qu’elles portent sur des sujets tels que l’entrepreneuriat, l’entraînement sportif ou les connaissances financières, ces sociétés aident les élèves à développer des compétences polyvalentes. Ainsi, celles consacrées à la santé des enfants ou à la qualité de l’eau les conduisent à s’engager pour le bien-être de l’humanité et la préservation de la planète. D’autres traitent des religions du monde ou des relations internationales, et il y en a une qui met les élèves de TFS en relation avec des jeunes d’une école située au Nunavut. Voilà des programmes qui sensibilisent nos adolescents aux questions interculturelles et leur font apprécier la diversité. En fin de compte, l’objectif de chaque société est de contribuer à l’épanouissement des élèves en tant qu’êtres humains et citoyens sur une base éthique bien solide.

Toujours à propos de l’esprit des fêtes, je souhaite partager avec vous une expérience récente. J’assistais il y a quelques semaines à un récital de chansons hispaniques des XVIe et XVIIe siècles, qui étaient interprétées avec brio et enthousiasme par l’ensemble Toronto Consort. À ma gauche se trouvaient une ancienne élève de TFS et son conjoint, désormais parents d’élève de notre école. À ma droite était assise une vieille dame, peut-être octogénaire, que jamais je n’oublierai. Je doute fort qu’elle ait compris les paroles des compositions, chantées dans leur version originale en espagnol, en galicien, en nahuatl et en quechua notamment. Néanmoins, cette musique populaire a clairement su briser les barrières du temps et de la langue pour envahir son être tout entier, corps et âme. À plusieurs reprises durant le concert, cette dame s’est tournée vers moi et ses yeux, brillants de joie et d’exaltation, exprimaient une émotion débordante qu’elle ne pouvait s’empêcher de me communiquer. Quelle incroyable étincelle de vie dans son regard ! Il s’agissait là du plus beau présent qu’on eût pu m’offrir pour entamer cette saison des fêtes, et j’en suis très reconnaissant.

La fin décembre est presque là, l’heure approche, le Nouvel An va naître bientôt. Que vous dirais-je à un moment si important du cycle annuel ? Trois choses. Chérissez vos souvenirs d’enfance comme votre trésor le plus précieux. Ouvrez vos portes afin que l’amour et le bonheur puissent vous trouver. Ayez enfin l’audace de vivre la vie comme une source précieuse et constante d’émerveillement. Tout cela vous donnera, après le court repos du Jour de l’An, la force nécessaire pour tracer de nouveau votre chemin dans la neige fraîche.

Alors que nous attendons ce moment avec impatience, permettez-moi d’exprimer ma plus profonde gratitude envers vous et vos familles, et de vous adresser mes meilleurs vœux pour l’avenir. 

Nous formons une communauté véritablement extraordinaire. 

Dr Josep L. González
Chef d’établissement
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