Le commencement de toute chose est symboliquement chargé et c’est là l’une des raisons d’avoir instauré à TFS une nouvelle tradition annuelle, le Discours de rentrée du Chef d’établissement, que j’ai prononcé le 8 septembre dernier. Le retour à l’école doit être célébré avec une certaine solennité afin de rendre justice au passé, nous montrer publiquement reconnaissants de ce que le présent nous offre et aussi préparer l’avenir. Pour une communauté comme la nôtre, c’est également un moment propice pour nous rassembler et nous montrer fiers de notre école.
Cette année, le contenu de mon discours revêtait de fait une importance particulière, car j’ai donné un aperçu de notre nouveau projet d’établissement, qui définit nos valeurs fondamentales. Ce projet précise que notre mission est de veiller à ce que nos élèves deviennent des « citoyens plurilingues et doués d’esprit critique qui valorisent les différences, dépassent les frontières et se consacrent à la poursuite du bien commun ». Dans mon discours, j’ai de plus évoqué les trois piliers sur lesquels repose l’éducation de TFS, à savoir : une école exigeante, le développement de l’élève en tant qu’être humain et citoyen, et la perspective internationale.
Alors que le concept traditionnel d’excellence se rapporte à une possible destination finale, l’idée d’une école exigeante met l’accent sur le chemin à faire. Un chemin d’apprentissage qui devrait se caractériser par notre curiosité intellectuelle, notre volonté constante de dépasser nos limites et notre désir de donner le meilleur de nous-mêmes. Ceux qui veulent se surpasser savent que l’effort est la clé du succès. Au lieu d’abandonner face à un défi, ils disent : « Je ne sais pas encore comment y réussir, mais je suis sûr que je vais y arriver. » Notre rôle d’éducateurs est précisément d’encourager chez nos élèves cette attitude positive envers l’apprentissage et de les rendre conscients de leurs progrès en suivant leur parcours scolaire individuel.
Des études sérieuses, quelle qu’en soit le domaine, se fondent sur la rigueur intellectuelle plutôt que sur le survol des notions. Le but n’est pas de couvrir un vaste programme à toute vitesse ni d’introduire davantage d’examens, mais de favoriser chez les élèves la profondeur de l’analyse et une communication claire et précise. La marque d’une véritable éducation est l’esprit de recherche. Motivé par la poursuite du savoir, l’érudit pose plus de questions qu’il n’en résout, ce qui est juste. Au bout du compte, c’est ce besoin intrinsèque d’aller au-delà des limites de la connaissance et de l’expression qui a amené Léonard de Vinci, Newton et Beethoven vers des territoires jusque-là inexplorés.
Quelle satisfaction ce fut d’observer cet esprit lors du souper du Cercle des Érudits au début d’octobre. Créé en 1988, ce cercle est une association honorifique d’une quarantaine d’élèves des niveaux I à V qui démontrent leur soif de savoir et leur implication dans la vie de l’école. Christopher Wang, de la promotion 2009, en était l’orateur invité cette année ; il nous a rappelé l’époque où, élève à TFS, il y apprenait le latin, l’espagnol et l’allemand, tout en dirigeant les clubs Classique et Haute cuisine. Après avoir obtenu sa licence ès sciences à l’Université McMaster, il a poursuivi ses études à la faculté de médecine de l’Université de Toronto et il est actuellement interne à l’hôpital Sunnybrook. Dans sa jeune vingtaine, il a déjà effectué plusieurs missions médicales en Chine et en République démocratique du Congo, et a fondé avec sa sœur « Leaders in Global Health Transformations » (LIGHT), un organisme sans but lucratif engagé dans la formation à travers le monde de professionnels innovateurs de la santé. Tous les convives ont été profondément inspirés par l’éloquence, l’humilité et l’engagement social manifestes de cet ancien élève.
À maints égards, Chris personnifie les qualités que nous cherchons à développer chez les élèves de TFS et qui sont désormais inscrites dans notre projet d’établissement. On peut les appréhender de la façon suivante : témoigner une volonté constante d’aiguiser notre pensée critique, participer activement à la vie scolaire dans toutes ses dimensions afin de développer des compétences transférables, démontrer un sens éthique fort, et comprendre que notre mission en tant qu’êtres humains consiste à exercer une influence positive au niveau de notre communauté locale ainsi que de la planète.
Il s’avère, fort heureusement, que les meilleures universités internationales s’attendent à ce que nous promouvions ces mêmes traits. Le Doyen des admissions en premier cycle à Yale, Jeremiah Quinlan, a récemment déclaré au
Washington Post que son université recherchait des « étudiants ayant réussi tant en classe que dans des activités non académiques » et qui démontrent d’autres qualités « plus difficiles à quantifier, telles qu’une véritable implication intellectuelle et un souci d’autrui et du bien commun ». De même, un représentant de l’université de Virginie a souligné l’importance d’encourager chez les lycéens « un esprit citoyen, un caractère bien trempé, un sens de la responsabilité personnelle et un clair engagement social ». À mon grand plaisir, tout cela a été corroboré lors d’un petit-déjeuner, organisé par TFS en septembre dernier, au cours duquel les représentants des universités de l’Ivy League ont partagé les tendances actuelles des admissions universitaires avec les conseillers d’orientation postsecondaire de la région du Grand Toronto.
Pour en revenir au commencement, je me rends compte maintenant que, malgré son âge, notre horloge est toujours à l’heure. Depuis la fondation de l’école il y a cinquante-quatre ans, nous avons bien semé nos champs et la récolte est abondante. En ce début d’un cycle annuel qui se répète sans cesse, soyons reconnaissants de nos succès et célébrons fièrement l’identité qui nous caractérise et l’essence universelle de notre mission et de nos valeurs.
Dr Josep L. González
Chef d’établissement