Pour notre profil Après TFS du mois de Décembre 2025, nous nous sommes entretenus avec Amy Teitel '03
TFS : Veuillez décrire votre parcours après TFS.
AMY TEITEL : Selon moi, mon parcours n’a pas été le plus direct. Après TFS, j'ai intégré l’Université King's College à Halifax, que je recommande vivement, et j'y ai suivi le programme d'année préparatoire. Finalement, j'ai opté pour un double cursus en histoire des sciences et en lettres classiques, deux domaines d'études a priori totalement impraticables et, on pourrait le croire, sans débouchés professionnels, mais j’ai adoré cela.
Après, j'ai suivi un programme au Collège Centennial en relations publiques et en communication d'entreprise, mais ce n'était vraiment pas pour moi. Je suis donc retournée à l'université et j'ai fait une maîtrise en études des sciences et de la technologie à York. Cependant, je me suis rendu compte que je n'y prenais aucun plaisir. J'adore la recherche et l'apprentissage, mais écrire quelque chose juste pour satisfaire un jury de surveillants d’examen n'était pas ce que je souhaitais. Je voulais créer quelque chose dont je sois vraiment fière.
Après avoir entendu que je n'écrivais pas comme une « universitaire » pendant que je travaillais sur mon mémoire de maîtrise, j'ai décidé de me lancer à mon compte et de devenir écrivaine. C'était aux alentours de 2010, au moment où le blogage commençait à gagner en popularité. J'ai donc passé tout mon temps libre à écrire. Finalement, des opportunités sporadiques ont commencé à se concrétiser. Universe Today a été l'un des premiers médias pour lesquels j'ai écrit, puis Discovery News, puis d'autres petites publications qui m'ont permis de continuer. Finalement, j’ai opté pour la création de contenu sur YouTube, car j'ai réalisé que les gens préfèrent écouter plutôt que lire. Cela m’a permis de décrocher à Discovery Digital Communications un emploi axé sur la rédaction et la présentation de vidéos scientifiques courtes.
Entre-temps, j'avais proposé le concept d’un livre sur les origines historiques de la NASA, et un éditeur m'a finalement demandé si je voulais en écrire un. Aujourd'hui, je travaille sur mon troisième livre.
TFS : À quoi ressemble une journée type pour vous ?
AMY TEITEL : En ce moment, j'écris un livre sur la bombe nucléaire et tout le contenu que je crée sur YouTube est lié au sujet de ce livre.
Je me lève généralement à cinq heures du matin, je m'assieds et je commence à écrire. Je consulte mon calendrier et je me demande si j’ai quelques jours pour me plonger dans le prochain chapitre ou seulement une journée avant mes rendez-vous et si je devrais plutôt me concentrer sur YouTube. Quoi qu’il en soit, j'écris quelque chose. J'essaie d'écrire six ou sept heures de suite tôt dans la journée, puis de m'occuper du reste l'après-midi.
J'ai toujours suffisamment de projets en cours pour pouvoir passer à autre chose si je suis épuisée et n'y vois plus clair. Cela me permet de souffler tout en continuant à avancer dans un autre projet.
TFS : Qu’est-ce qui vous donne le plus de satisfaction dans votre travail ?
AMY TEITEL : Ce que j'apprécie, c'est la rapidité des résultats que j'obtiens. Si je publie cinq courtes vidéos par semaine sur les réseaux sociaux, en plus de mes contenus plus longs sur YouTube, je peux mesurer ma performance. Quand quelque chose fonctionne bien, j'ai l'impression d'avoir déniché quelque chose d'intéressant pour mes auditeurs, d'avoir suscité leur curiosité et d'avoir communiqué clairement avec eux, ce qui est mon travail.
Mais au final, je suis écrivaine. Une journée est vraiment gratifiante quand je vois un chapitre commencer à prendre forme ou quand je découvre un détail fascinant dans le récit. Le problème est le manque de rétroaction immédiate. Écrire un livre est une activité vraiment solitaire. On ne sait pas s’il est conforme à ce qu’attendent les lecteurs. Le travail nous paraît approprié, mais on n’a pas beaucoup de lecteurs à ce stade là. Il est difficile de savoir si l’on est trop rigoureux ou pas assez.
Le succès au quotidien est donc délicat. Mais, quand on prend du recul et qu'on voit quelque chose de réel se concrétiser, c’est la meilleure sensation qui soit.
TFS : Comment votre expérience à TFS vous a-t-elle aidé à arriver là où vous êtes aujourd’hui ?
AMY TEITEL : Ce qui m'a vraiment aidé à me préparer pour l'université, c'est le mémoire que nous devions rédiger à TFS. Tout le monde trouvait cela agaçant à l'époque. Ce fut cependant une aide précieuse pour les études supérieures. Tous les élèves de TFS que je connaissais à l’Université King's College n'avaient pas autant de difficultés avec les dissertations que les autres. Apprendre à effectuer des recherches, à écrire et à structurer ma pensée m'a été très utile.
TFS : Comment la langue française et le bilinguisme ont-ils influencé votre carrière ?
AMY TEITEL : Je pense qu’ils ont eu une emprise sur ma carrière, même si je ne m'en rends pas toujours compte. J'ai réalisé il y a des années une vidéo axée sur des recherches et montrant qu'apprendre plusieurs langues pendant l'enfance facilite l'apprentissage des langues à l'âge adulte, et cela a certainement été mon expérience. J'ai étudié le français, le latin, le grec ancien et l’allemand ! J'ai pu apprendre plein de langues différentes, ce qui est génial.
Ce qui en découle véritablement, à mon avis, est la flexibilité cognitive. Par exemple, je dois examiner beaucoup de documents allemands pour mon travail et, même si je ne peux pas les lire couramment, je peux en comprendre une partie grâce à mes connaissances préalables.
J'aime toujours autant savoir parler français et j'essaie d'entretenir cette compétence. Je regarde des séries télévisées françaises juste pour stimuler mon cerveau. C'est vraiment agréable de parler une autre langue.
Alors, même si j’ai pris un long détour avant d’arriver à destination, ma réponse, c’est que le bilinguisme m'a été très utile.
TFS : Quelles compétences ou leçons tirées de TFS employez-vous le plus souvent dans votre travail ?
AMY TEITEL : Je dirais la discipline. TFS a vraiment mis l’accent sur le développement d’élèves ayant une bonne formation générale. J'ai suffisamment de discipline pour surmonter les difficultés et, à mon avis, c'est probablement la meilleure leçon que j’ai tirée de TFS. Au final, il est possible qu’on n’utilise pas beaucoup de connaissances apprises au lycée dans la vie d'adulte, mais avoir la capacité de s'asseoir et de travailler sur quelque chose de difficile, c'est une compétence durable.
TFS : Quelle a été votre expérience la plus mémorable à TFS ?
AMY TEITEL : J’hésite entre le spectacle de gym — dont j'ignore même s’il existe encore — et une pièce de théâtre que j'ai jouée en 12e année.
Le spectacle de gym était déjanté et amusant. Comme j’étais gymnaste, je me suis retrouvée dans l'équipe de gymnastique de TFS avec deux de mes amies. Un jour, Mme Odeur nous a fait jouer devant toute l'école. Nous faisions des démonstrations de culbute acrobatique et de mini-trampoline dans la salle polyvalente. Avec le recul, c'était un peu étrange, mais plutôt incroyable.
L'autre expérience, c’était une comédie musicale écrite par un ami, intitulée Voulez-Vous. C'était un mélange de Priscilla, reine du désert et de Mamma Mia. À un moment donné, j'ai dû faire comme Kathy Selden dans Chantons sous la pluie. Mais le meilleur élément était l’affiche bilingue. Comme la signalétique de TFS devait être bilingue, l'affiche indiquait « Come see Voulez-Vous Thursday Night » et ensuite en français « Venez voir, Do You Want Jeudi soir ». Ça me fait toujours rire.
TFS : Quels conseils donneriez-vous aux élèves ?
AMY TEITEL : Ne vous abstenez pas de faire certaines choses. TFS vous prépare à suivre un chemin bien tracé, ce qui est formidable, mais n'ayez pas peur de vous en écarter et d'essayer différentes choses. Si je n'avais pas agi de cette manière, je ne ferais pas toutes ces choses étranges et merveilleuses à l’heure actuelle.
Vous sortez de TFS avec un avantage considérable : vous savez effectuer des recherches, écrire, travailler dur. Intégrez-le dans tout ce qui vous intéresse un tant soit peu. On ne sait jamais quelle porte pourrait s’ouvrir. J'étais tout simplement fascinée par le programme Apollo ; je ne m'attendais pas à travailler sur une mission de la NASA ni à devenir experte en documentaires, mais j'ai poursuivi cet intérêt consciencieusement et les opportunités se sont présentées.
Alors, ne fermez aucune porte. Restez ouverts.
TFS : Qu’auriez-vous aimé savoir, pendant vos études à TFS, qui aurait pu mieux vous préparer à la vie après l’obtention de votre diplôme ?
AMY TEITEL : Honnêtement, je ne pense pas que j'aurais fait quoi que ce soit différemment. Chaque détour m'a aidée à comprendre ce que je voulais vraiment.
S’il y a bien une chose que j’aurais aimé savoir, c’est certainement qu'il existait d'autres options que de devenir médecin, de se lancer dans les affaires ou de suivre un parcours universitaire strict. Il existe tant d'autres choses que vous pouvez faire qui sont tout aussi viables et tout aussi respectables, même si elles ne correspondent pas à ce qu’on attend de vous.