Se connaître soi-même est le début de toute sagesse (Aristote)
Nos parents d’élèves souhaiteraient assister à la journée de classe de leur enfant. Régulièrement, ils me le rappellent et m’ont encore dit récemment : « J’aurais tant voulu pouvoir observer mon enfant lorsqu’il a associé ces concepts, résolu ce problème ou lorsqu’il a exprimé avec passion son point de vue sur ces sujets si importants. »
Ainsi, afin de vous offrir un aperçu de la vie scolaire de votre enfant, j’aimerais vous communiquer des éléments relatifs aux séances de mentorat qui se déroulent dans chaque annexe de TFS. Quel que soit le contenu des conversations, notre objectif consiste à développer chez nos élèves l’expression orale mais aussi un esprit critique respectueux face à d’autres points de vue éventuellement différents. Nous renforçons ainsi la sophistication de la langue et de la pensée ainsi que leur engagement pour l’amélioration de la société. Tous les mentors, membres du personnel, portent cette responsabilité collective d’inculquer des valeurs fortes à nos élèves, de les préparer à faire des choix pertinents et de les guider sur la voie d’une citoyenneté active et éclairée. En complément, ce programme de mentorat instauré dans tout l’établissement, de l’école maternelle (Petite Section) à la Terminale (Niveau V), vise également à mettre en place un cadre propice aux échanges dans une atmosphère conviviale où les règles de la communication sont respectées. Chaque élève de TFS peut alors s’exprimer librement, débattre, se sentir membre à part entière du groupe et disposer des conseils, de l'assistance et de l'écoute attentive d’un adulte de confiance. Ces séances de mentorat nous permettent de mieux connaître votre enfant et l’aident à construire son identité, sa personnalité. Pour ma part, je suis le mentor d’un groupe d’élèves de Première (Niveau IV) et j’assure les séances de mentorat, chaque mercredi à 10h30, avec un élève de Terminale, co-mentor. Vers 10h25, je peux apercevoir, depuis la fenêtre de mon bureau, les membres de mon groupe quitter l’école secondaire et s’empresser de rejoindre mon bureau situé dans le bâtiment voisin. Je ne cherche pas à me flatter en pensant qu’ils sont nécessairement impatients de discuter du sujet du jour. La plupart du temps, en effet, ils se hâtent afin de disposer d’une bonne place assise ou de choix parmi les collations que je leur propose. Néanmoins, et quelle qu’en soit la raison, je suis heureux qu’ils arrivent rapidement et soient prêts à s’engager dans un débat constructif. Depuis le début de cette année scolaire, nous avons discuté de sujets variés, tels les raisons pour lesquelles certains tableaux deviennent des chefs d’œuvre, le processus de confirmation de la nomination du juge Kavanaugh par le Sénat américain, la valeur d’une bonne éducation, les droits linguistiques des francophones au Canada ou encore la manière d’éviter la mise en place d’une culture scolaire qui tolérerait l’intimidation sous quelque forme que ce soit, pour n’en citer que quelques-uns. Notre séance dédiée à la nomination du juge Kavanaugh fut particulièrement animée. Nos débats ont porté sur le discernement dont il faut faire preuve par rapport aux faits relatés, avérés ou non, sur l’importance du respect de la procédure d’approbation, le degré de responsabilité d’un adulte pour des actes qu’il aurait censément commis à l’école secondaire des dizaines d’années auparavant, ainsi que sur la raison d’être et la puissance du mouvement « Me Too ». Avec les élèves plus jeunes des écoles primaires, nous avons organisé des séances de mentorat axées sur la nécessité du respect mutuel. Par ces discussions, ils ont saisi l’importance d’écouter le point de vue d’autrui et les raisons pour lesquelles nous devrions chercher à comprendre d’autres perspectives avant d’exprimer la nôtre. Les élèves ont également pris conscience que nous nous enrichissons mutuellement lors de ces échanges et qu’il est essentiel d’être tolérant dans notre société diverse et inclusive. Dans ces situations, nous n’insistons pas pour obtenir la « bonne » réponse. L’objectif consiste à permettre aux élèves d’approfondir leur capacité de réflexion, de questionner leurs propres opinions, d’apprendre à mieux formuler leurs points de vue et d’acquérir les compétences nécessaires pour raisonner par eux-mêmes au fur et à mesure qu’ils se développent en tant que citoyens de leur école, de leur communauté, de leur pays et du monde en général. Nos élèves ont remarqué que, trop souvent dans la société actuelle, les individus et les dirigeants émettent toutes sortes d’opinions non justifiées. Ainsi, lorsqu’un élève me dit qu’il « déteste » quelque chose, je lui rappelle l’importance de la précision dans le langage comme dans la pensée, mais aussi la nécessité d’éviter de donner une opinion personnelle sans l’argumenter. Je le mets alors au défi d’employer des mots plus précis pour décrire ce qu’il pense ou ressent ; par exemple, le terme de « détestation » peut exprimer la frustration, la haine ou l’indignation. En outre, je les encourage à étayer ou à justifier leur point de vue car il est important, en effet, d’examiner les raisons et les preuves de ces opinions. Avec le temps, les élèves comprennent qu’agir de la sorte et articuler leurs idées grâce à la sophistication de leur langage et de leur pensée sont fondamentaux. Lors des congés de novembre dernier, mon épouse et moi-même sommes partis en voyage à Rome afin de rendre visite à celui qui fut mon mentor lorsque j’étais à l’université. En raison de son âge, il m’avait demandé quelques mois auparavant, s’il m’était possible de lui rendre visite car nous ne nous étions pas revus depuis de nombreuses années. Je n’ai pas hésité une seule seconde. Bien que plusieurs décennies se soient écoulées depuis ses dernières séances de mentorat auxquelles j’ai assisté, je lui suis, aujourd’hui encore, grandement redevable de l’aide précieuse qu’il m’a apportée. En effet, alors étudiant, mon mentor était toujours disposé à me consacrer le temps nécessaire et à partager ses perspectives et sa sagesse. Il a été une personne clé dans ma vie et m’a aidé à devenir un bon citoyen. Nous devons à la génération qui nous succède de transmettre le don que représente le mentorat. À TFS, c’est ce que nous réussissons à faire.
Cordialement,
Michael Burke Chef d'établissement adjoint, citoyenneté et engagement communautaire