Après TFS - Amanda Giles

Siena Maxwell
Pour notre profil Après TFS du mois de Septembre 2025, nous nous sommes entretenus avec Amanda Giles '08
TFS : Veuillez décrire votre parcours après TFS.

AMANDA GILES : Même si ce n’était pas mon plan initial, j’ai pris une année sabbatique après TFS. À mi-chemin de la terminale, ma mère m'a encouragé à considérer les arts comme une voie viable, bien qu’autour de moi, je n’ai jamais eu de modèle concret. Je suis vraiment reconnaissante pour cette conversation, car elle m’a donné l’impulsion nécessaire pour essayer.

J’ai donc reporté mes offres universitaires et passé l’année à prendre les tests d’aptitude scolaire, à me produire dans cinq spectacles à Toronto et à me perfectionner au piano et à la danse. J'ai suivi une formation d'opéra classique pendant des années, mais je suis tombé amoureuse de la comédie musicale vers 15 ans et je ne voulais pas perdre le chant. Comme, à l’époque, il n’existait pas de programmes pour obtenir un diplôme de la formation comédie musicale au Canada, j’ai postulé dans des écoles américaines. Je suis entré dans un conservatoire à Chicago et j'ai déménagé là-bas en 2009 pour fréquenter le Chicago College of Performing Arts.

Depuis l'obtention de mon diplôme, je suis actrice à Chicago et ailleurs. Il y a une dizaine d'années, j'ai lancé une entreprise de thérapie somatique et de coaching, qui m'aide à subvenir à mes besoins entre mes rôles d'actrice. Ces dernières années, j’ai écrit deux livres, lancé un service audio à la demande et commencé à publier de la musique originale. J'aime me produire dans de nombreux espaces créatifs différents.

TFS : À quoi ressemble une journée type pour vous ?

AMANDA GILES : Je n’ai pas vraiment de journée typique, mais ce qui ne change pas est la façon dont je commence la journée. Je prends toujours du temps pour moi le matin : je promène mon chien dans le parc à côté de chez moi, je prends un bon repas et je tiens un journal. Si je me sens inspirée, je joue du piano, j’écris ou je laisse mes idées jaillir. À partir de là, ça dépend. Certains jours, j'ai des séances avec des clients ou des réunions ; d'autres jours, je passe du temps avec des amis ou je travaille sur des projets personnels. Si je participe à un spectacle, je vais aux répétitions le soir. Si j'ai un concert, je joue. J’aime vraiment le fait que chaque jour soit différent.

TFS: Qu’est-ce qui vous donne le plus de satisfaction dans votre travail ?

AMANDA GILES :
Je me sens satisfaite de tout ce que j’entreprends. J’aime le fait que mon travail ne ressemble pas à « juste du travail », mais à quelque chose qui me permet de me ressourcer. Avoir cet équilibre est ce qui est le plus épanouissant. Faire la même chose tous les jours ne fonctionnerait pas pour moi. Les arts évoluent constamment. Au théâtre, je peux consacrer des mois à une pièce ou à comédie musicale, puis passer à quelque chose de nouveau. Sur scène, je peux interpréter un poème original un soir et chanter avec de nouveaux partenaires le lendemain. Mon temps libre est flexible et autogéré.

Chaque partie, jouer, coacher, performer et écrire, me nourrit de manière différente. Une de moins et il semblerait qu’il manque quelque chose. Ce n’est pas le modèle typique qu’on nous a montré au cours de notre jeunesse : celui d’avoir un seul emploi et la même routine pour toujours. Je me suis toujours demandée comment les gens faisaient et, maintenant, je sais que je n'ai pas à le faire.

TFS : Comment votre expérience à TFS vous a-t-elle aidé à arriver là où vous êtes aujourd’hui ?

AMANDA GILES : La dimension sociale de TFS a eu une énorme influence sur moi. J'ai eu la chance d'être dans une classe comportant toutes sortes de personnes et, sur le plan social, j’étais comme un papillon évoluant entre différents groupes. Cette flexibilité a influencé ma future carrière professionnelle et, maintenant, je joue plusieurs rôles. Je suis toujours amie avec beaucoup d’entre eux aujourd’hui, et je crois que ce sentiment d’acceptation – de ne pas me sentir bizarre parce que je fais les choses différemment – m’a donné beaucoup de confiance.

Être immergée très tôt dans plusieurs langues a également eu un effet important. J'ai chanté beaucoup d’opéra en grandissant, ce qui nécessite de chanter dans différentes langues. Les langues que j’ai apprises à l’école m’ont facilité la tâche. Grâce à cette base essentielle, j’ai acquis la confiance nécessaire pour poursuivre sérieusement le chant, ce qui m’a conduit à toutes mes autres activités.

TFS : Comment la langue française et le bilinguisme ont-ils influencé votre carrière ?

AMANDA GILES : Bien que je vive aux États-Unis depuis 16 ans, c'est en fait mon espagnol que j'utilise le plus. J'ai choisi l'espagnol comme langue optionnelle pour mon baccalauréat international, mais cela n'aurait pas été aussi facile sans la maitrise de mon français. Je ne l'utilise pas beaucoup au quotidien, mais je suis reconnaissante de l’influence que son apprentissage a eue sur mon cerveau dès le début. Cette expérience linguistique précoce a été formatrice et a influé sur ma façon de penser et d'apprendre. 

TFS : Quelles compétences ou leçons tirées de TFS employez-vous le plus souvent dans votre travail ?

AMANDA GILES : La leçon la plus importante que j'ai retenue de TFS était l'importance du travail acharné. Si vous continuez à vous accrocher et à faire des efforts, quelque chose en résultera. En tant qu’artiste, on entend plus souvent « non » que « oui ». Sur dix auditions, je vais peut-être recevoir un rappel. Il faut être endurci et avoir une solide éthique de travail.

Je pense aussi au plan intellectuel et surtout aux professeurs qui m’ont marquée. Krista Brinza, qui a enseigné l’histoire et la théorie de la connaissance, a façonné ma façon de penser l’histoire : en contextualisant le passé, en analysant les sources et en remettant en question les récits prédominants. Elle a ainsi inspiré mon travail axé sur la justice sociale en tant qu’artiste.

Que ce soit en sélectionnant des performances ou en concevant de nouvelles œuvres, je prends en compte comment cela s'adapte au contexte culturel et historique d’aujourd’hui. C’est TFS qui a formé mon esprit critique.

TFS : Quelle a été votre expérience la plus mémorable à TFS ?

AMANDA GILES : C'est une question difficile. De nombreux souvenirs me viennent à l’esprit, mais trois se démarquent particulièrement.

Au début, je ne me suis jamais considérée comme une sportive, mais ma meilleure amie m’a convaincue d’essayer l’équipe de volley-ball au cours de mes deux dernières années, et j’ai adoré jouer. Je me levais à 5 heures du matin pour m'entraîner, ce qui ne me ressemblait pas du tout. Je suis reconnaissante qu'elle m'ait encouragée; notre lien s'est considérablement renforcé : il ne s’agissait plus de simplement passer du temps ensemble.

Un autre souvenir marquant a été la production scolaire de Deadwood Dick, une pièce western hilarante et absurde. Nous avons bravé le désordre et ri énormément. J’ai trouvé amusant de stimuler mes compétences en art dramatique à l’école!

Le dernier souvenir est à l’école secondaire en troisième, où nous sommes partis en voyage d'échange en France. Cette expérience restera gravée dans ma mémoire. Il ne s'agissait pas seulement de voyager, mais aussi de recevoir notre étudiant étranger pour vivre avec nous par la suite. C'était une occasion mémorable et je suis reconnaissante que TFS l'ait rendue possible.

Le sport, le théâtre et les voyages, des expériences très différentes, mais toutes aussi significatives. J’adore la variété offerte par TFS.

TFS : Quels conseils donneriez-vous aux élèves ?

AMANDA GILES : Je dirais d’essayer des choses. Sortez du cadre. Je sais qu'il faut choisir ses cours très tôt, mais il y a tellement de clubs et d'activités parascolaires à TFS. Profitez de tout ce qui est offert. Faites-vous des amis en dehors de votre groupe habituel. Participez à de nouvelles activités. Apprenez de personnes provenant de différents horizons.

Donnez-vous la permission d’explorer et d’essayer des choses pour voir ce qui vous convient. Vous pourriez découvrir quelque chose qui correspond mieux à ce que vous attendiez. Plus tôt vous commencerez à repousser vos limites, plus vous découvrirez ce dont vous êtes capable et vous tomberez peut-être sur une passion que vous ne saviez pas avoir. Si je pouvais donner un conseil, c’est de vous laisser de l’espace pour explorer. Vous pourriez être surpris par ce qui vous enflamme.

TFS : Qu’auriez-vous aimé savoir, pendant vos études à TFS, qui aurait pu mieux vous préparer à la vie après l’obtention de votre diplôme ?

AMANDA GILES : J’aurais aimé savoir que la réussite ne suit pas forcément la voie traditionnelle. Qu’il est normal – et plus que normal – qu’elle ait plusieurs facettes. À l’époque, j’en avais une vision étroite. Elle se ramenait à avoir un emploi, à toucher un revenu ou à mener une certaine vie. J’aurais aimé voir plus d’exemples de personnes empruntant des chemins différents. En ce qui me concerne, elle est venue parce que j’ai suivi un chemin non traditionnel à tous points de vue, ce qui a été le choix le plus épanouissant. J'aurais aimé entendre qu’on n’a pas à entrer dans le moule. On peut définir la réussite comme il nous chante.
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